Avec Jonathan Carrier, Stéfane Duval, Nazha L., N., Ann-Jo Neyrynck et David Trembla, expert·e·s du vécu, Bénédicte Hendrick du cabinet du ministre de la santé et d’action sociale Alain Maron, Christine Mahy du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté et Martin Wagener de UCL.
La vie quotidienne des personnes en situation précaire est liée à une quantité innombrable de souffrances. Elles sont diverses, parfois attendues et souvent normalisées comme appartenant à la logique de la pauvreté. Sans se l’avouer frontalement, il est pourtant évident que, consciemment ou inconsciemment, on attend « du pauvre » qu’il souffre. C’est peut-être même ce qui sépare le fameux « bon pauvre » du « mauvais pauvre ».
Il ne manque aux personnes en situation de précarité aucune démonstration du fait qu’une politique de la souffrance existe, qu’elle s’adresse directement à elles, qu’elle est pratiquée intentionnellement, qu’elle définit ce qui sert majoritairement de « gestion de la grande pauvreté » aujourd’hui. Elles ont à l’éprouver dans les services sociaux, les centres de jour, les CPAS, les services médicaux, les administrations dédiées, les lieux d’hébergement, les associations sociales autant que caritatives, bref : dans tous les dispositifs sociaux qui sont supposés « lutter contre la pauvreté ». Sans être systématique, le « sadisme quotidien » de ces dispositifs sociaux permet à cette politique de la souffrance de se reproduire, chaque jour et à chaque vexation.
S’opposer et protester contre cette production inutile de souffrance est aussi, par conséquent, un geste politique. La faire entendre et remonter comme un fait quotidien dont il faut tenir compte rejoint cette même lutte. Demandons-nous alors : de quelles souffrances parle-t-on ? Quelles sont les souffrances quotidiennes qu’imposent spécifiquement les services sociaux et les ASBL de la lutte contre le sans-abrisme à ceux·celles qui doivent pourtant y être défendu·e·s et accompagné·e·s ? Et, si l’on y est un·e « travailleur·euse social·e », comment entendre qu’on est soi-même le relais de cette politique de la souffrance ? Et pour quelles raisons politiques et sociales est-on amené à être ce relais ?
Enfin, peut-on entendre la phrase : « Ma souffrance est moins personnelle (physique, psychique, nerveuse, relationnelle…) que politique » sans questionner toutes les modalités du travail social ?
Mercredi 22 janvier 2020 de 12h à 14h
A DoucheFLUX, rue des Vétérinaires 84, 1070 Bruxelles
Inscription souhaitée (sandwiches offerts) en envoyant un mail à Serena Alba